Nice day

15.7.09

image Le mardi est, depuis maintenant quatre ans, une journée particulière. C’est le « schtroumpfs day ». Chaque semaine, le même rituel ; je récupère mes trois enfants à la sortie de l’école, heureux comme un gamin et stressé comme un père.
La première à montrer le bout de son nez est toujours Clara. Elle court, me saute dans les bras, m’attrape la tête et colle sa bonne joue rose contre la mienne : « Aïeuuuu ! tu piques Papa ! ». La seconde, Camille, arrive nonchalante de la grande école, à quelque pas de celle des jumeaux. Son pas est lent, son sourire stoïque, elle chaloupe jusqu’à moi et à chaque fois, je regarde cette interminable marche en me disant qu’elle a encore grandie. Elle s’approche de moi : « Yep ! Papa ! ». Il en manque encore un et non des moindres.
Quelques minutes après (en fait, il s’agit de secondes mais le temps d’attente d’un parent devant l’école est beaucoup plus long que dans d’autres situations), nous voyons débouler une tornade bleue. Une espèce de météorite jaillit de la cour de récréation, franchit le portail blanc de l’entrée et percute le mur d’en face. Scotché pendant quelques fractions de secondes, les baskets raclent ensuite le sol, et après, un saut inter-galactique sur un banc public qui fait office de rampe de lancement, l’aérolithe, je ne sais pas trop comment, atterrit sur mes pieds. Génuflexion, extension, et le voilà agrippé autour de mon cou : « Hey papa j’ai eu A+ à la dictée maman m’a dit qu’elle allait me donner 5 euros c’est beaucoup 5 euros hein papa ? 5 euros oh, je suis trop content ! c’est de la balle ! trop trop content et en plus, j’ai pas fait de fautes à « miniskes ». Suis trop fort nan papa ! Suis trop fort hein ?! ». Bonjour Arthur« miniskes ? ». J’ai appris par la suite par Clara qui parle couramment « l’arthurois » qu’il s’agissait du mot « ménisque »…
Nous sommes désormais au complet pour la soirée. Dans la voiture qui nous amène à la maison, les discussions vont bon train sur la journée écoulée. L’intensité des évènements me surprend toujours. Cela va vite et les anecdotes sont poignantes. La meilleure copine de Camille a maillé son collant tout neuf cet après midi. Le super-pote-de-la-mort-qui-tue d’Arthur a perché son nouveau et super-beau ballon rouge et bleu (qui tue lui aussi) sur la plus haute branche du grand peuplier trônant dans la cour. La maîtresse de Clara sera absente deux heures consécutives jeudi prochain et que même, ma douce ronchonneuse devra aller dans la classe des plus grands. J’écoute, m’insurge, m’interroge, donne mon avis sur tous ces problèmes aussi existentiels pour eux qu’ils sont futiles pour moi. Les rires fusent et leurs cris stridents me ravissent aux premiers kilomètres, m’indisposent au bout de dix minutes et finissent par m’exaspérer une fois arrivés à destination. Il faut dire que la résonance de la cage de faraday de la voiture n’arrange rien au volume toujours au maximum de la voix de mes ouailles.
Il est déjà prés de 18h30 lorsque la séance des devoirs commence. Camille survole mais se ballade allègrement de la géo., aux maths en passant par son activité théâtrale favorite. Clara, sérieuse, s’applique et rivale de sa sœur, s’assure qu’elle va bien finir au moins dans le même temps que son aînée. Mais où est Arthur ? Bien que dans l’espace il soit bien visible devant nous, il est ailleurs dans une autre sphère. Toujours en mouvement, sa jambe frétille et tape sous la table de la cuisine. Le bruit provoqué par la petite cuillère qui titille le verre sous l’effet de son petit jeu lui provoque un rire déstabilisant. Je le prie de s’arrêter et de se concentrer sur son travail. « T'as vu le bruit que je fais, papa, avec mon miniske ! » Un « running gag » de plus qu’il sait manier avec grande pitrerie et qui ne manque pas de faire rire aux éclats son auditoire tout acquis.
21h00, après un repas haut en couleurs, mes schtroumpfs s’endorment. Demain, je les déposerai au centre aéré. « Trop bien le centre aéré, Papa, je vais faire un masque en tissu de peau (?) ». Bisous mon tutur. « A mardi prochain, Papa, je t’aime mais pfff… j’aime pas le centre aéré ». A mardi, ma clacla., t'aime aussi. « Yo ! Tape z’en cinq, Papa ! » Tcho! ma cam’.

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